Bernard Pierre
 Bernard Pierre |
Bernard Pierre (ancien entraîneur national) a eu la gentillesse de se prêter au jeu des questions/réponses. Petit retour en arrière sur l’histoire du plongeon Français. |
Questions à Monsieur Pierre :
1/ Pouvez vous nous expliquer votre parcours dans le plongeon français ?
J’ai commencé à plonger dans les années 55, et j’ai été plongeur des équipes de France dans les années 1965. Je me suis intéressé à l’entraînement du plongeon comme bénévole d’abord puis comme Entraîneur National Adjoint en 65 aux cotés d’Henri GOOSEN (j’avais 26 ans à l’époque). Je suis devenu Entraîneur National en 1976 jusqu’en 2002.
J’ai vécu mes premiers Jeux Olympiques en 1972 à Munich avec Christiane WILES (Mme MAZURIER) Alain GOOSEN et Jacques DESCHOUWER qui a terminé 13ème de ces Jeux. Ensuite j’ai participé à tous les Jeux Olympiques.
En 76 avec Alain GOSSEN et Joël SUTY
En 80 avec Isabelle ARENE (Mme COQUET)
En 84 avec Claire IZACARD (Mme NALIOD)
En 88 avec Frédéric PIERRE et Jérôme NALLIOD
En 92 avec Frédéric PIERRE et Philippe DUVERNAY
En 96 avec Julie DANAUX
Et en 2000 avec Julie DANAUX, Odile ARBOLES-SOUCHON, Frédéric PIERRE et Gilles EMPTOZ LACOTE et Sandra PONTHUS et Claire FEBVAY. Jeux Olympiques où nous avons atteint 3 finales en Plongeon Synchronisé.
2/ Parlez nous du plongeon en France depuis que vous faites parti du milieu…les évolutions, les méthodes, l’engouement, les infrastructures, les pouvoirs publics ?
Pendant 10/12 ans, il y a eu une grande période pour le plongeon français. Il n y avait pas encore de Grand Prix FINA, et on avait en France l’un des plus grand meeting international de l’époque, le Meeting de Rennes. La piscine ayant été inaugurée en 1971, en 1972 nous organisions le 1er meeting international jusqu’en 1979 avec une interruption en 1975 (organisé au Kremlin-Bicêtre) de grands champions ont participé à ce meeting notamment des champions olympiques tels que :
Klauss DIBIASI Italie (1968-1972-1976) à 10 mètres
Alexander PORTNOV URSS (1980) à 3 mètres
Franck HOFFMAN RDA (1980) à 10 mètres
Phill BOGGS USA (1976) à 3 mètres
Ulrika KNAPP-LINDBERG SWE (1972)
Un grand nombre de médaillés Olympiques aussi ont participé à ce meeting dont l’italien Giorgio CAGNOTTO, médaille d’argent à 3 mètres en 1972 et 1976.
(A noter que DIBIASI et CAGNOTTO ont participé à toutes les éditions du meeting de Rennes)
J’ai connu aussi toutes les évolutions matérielles des tremplins en bois en passant par les tremplins fiber-glass pour arriver aux tremplins Duraflex et Maxiflex maintenant. Et j’ai même assisté à la première apparition des plongeurs chinois en 1983 aux Universiades à Edmonton (Canada). Ils ont participé à leur 1er J.O. en 1984 avec 1 médaille d’OR la chinoise Jihong ZHOU à 10 mètres.
On ne peut pas dire que les Pouvoirs Publics nous aient aidés car nous n’avons jamais eu de fosses à plongeon séparées et aujourd’hui nous en souffrons encore ; c’est une des cause de notre niveau. On ne peut toujours pas organiser de compétitions internationales. Les deux dernières compétitions organisées remontent à 87 à Strasbourg pour les Championnats d’Europe (année de la mise en conformité de la fosse séparée avec un 10 mètres) et en 95 pour la Coupe d’Europe. Depuis plus rien, et même à Strasbourg on ne peut plus ré-organiser de compétitions internationales puisque les installations sont obsolètes à cause du 10 mètres en plongeon synchronisé.
3/ Nous faisons actuellement un constat alarmant concernant le plongeon en France… qu’en pensez vous ? Est ce une période difficile comme vous en avez déjà connu ou peut être tout doucement la fin d’une activité ?
Je pense qu’avant il y avait beaucoup plus de clubs, je peux vous parler de cette période où la participation était de 30 à 40 plongeurs lors de la Coupe de France d’hiver à 1 mètre. Aux Championnats de France d’été juniors et seniors, 36 plongeurs en 1985 et 40 en 1986. Les éliminatoires se déroulaient une semaine ou 15 jours avant les finales des Championnats de France. Maintenant on sait comment cela se passe… Avant, les plongeurs avaient des carrières beaucoup plus longues, aujourd’hui ils s’arrêtent de plus en plus tôt. Les jeunes se tournent vers d’autres activités beaucoup moins astreignantes orientées vers le loisir, et en plus, on souffre d’être peu connu des médias. On sait qu’à chaque JO on va parler de nous mais l’envie de parler des médias est éphémère. Les petites disciplines ne sont pas médiatisées par les français.
Avant, nous avions plus de facilités pour utiliser les piscines. On avait plus de clubs qui étaient tenus par d’anciens plongeurs et la dynamique était forte. Il n’y a pas eu de relève au niveau des entraîneurs.
Il y avait 25 clubs en moyenne :
28 en 1975 dont 9 en Ile de France (Stella-Sports St-Maur, Réveil de Nogent, C.N. Colombes, CMS Pantin, CA l’Hay les Roses, AS Drancy, US Métro, SFO Courbevoie, les Balbuzards de Nogent le Perreux.)
22 en 1997 et la diminution a commencé à partir de 1998 (le maximum étant 28 en 1975)
Je ne pense pas que ce soit la fin d’une activité, malgré des hauts et des bas nous avons toujours eu des plongeurs représentatifs sur la scène internationale.
4/ Que nous a-t-il, et nous manque toujours, pour rivaliser avec les européens et le reste du monde ? Que faudrait il pour rattraper le retard par rapport aux autres nations Européennes ?
Nous manquons cruellement de fosses à plongeon séparées pour pratiquer uniquement du plongeon et d’entraîneurs professionnels et compétents. En plus nous avons du mal à conserver nos anciens plongeurs comme entraîneurs…